RĂ©sumĂ©de BĂątisseurs de l'ancien monde (2/3) Les archĂ©ologues ont mis au jour des Ă©difices antiques monumentaux prĂ©sentant d'Ă©tonnantes similitudes en Inde, en Ăgypte, au PĂ©rou, enLes bĂątisseurs de l'ancien monde - Film 2018 Film de Patrice Pooyard 2 h 18 mars 2018 L'Ăźle de PĂąques, Machu Picchu, le temple de Louxor, ou encore celui de Bayon au Cambodge, et la grande Pyramide dâĂgypte... quels points commun entre ces sites archĂ©ologiques majeurs de notre passĂ© ? Le film BĂTISSEURS DE L'ANCIEN MONDE est une investigation sur le passĂ© de notre planĂšte qui oppose aux thĂšses acadĂ©miques une hypothĂšse alternative sĂ©rieusement documentĂ©e et argumentĂ©e. Celle de lâexistence d'une civilisation humaine avancĂ©e, disparue avant la nĂŽtre, au moment dâune Ă©poque gĂ©ologique majeure et parfaitement identifiĂ©e de notre Histoire le Dryas rĂ©cent. Aide Pour tĂ©lĂ©charger le contenu vous devez installer un logiciel de "Torrents" Utorrent Cliquer ensuite sur Telecharger le Torrent » ci-contre et le tĂ©lĂ©chargement dĂ©butera ! Film Les bĂątisseurs de l'ancien monde torrent BAM m'a relancĂ© dans de nombreuses recherches, tout comme LRDP l'avait fait Ă son Ă©poque. Je pense que les points les plus marquants de BAM sont â La machine d'AnticythĂšre et ses engrenages qui respirent... â Les grottes sonores de Barabar plus lisses que du verre ! â Göbekli Tepe et ses piliers mĂ©galithiques sculptĂ©s finement Ă une Ă©poque oĂč il n'y avait que des nomades et pas d'agriculture ! Au risque de spoiler, il est trĂšs Ă©tonnant de voir des H sur ces piliers. Ăa rappelle les H en andĂ©site de Puma Punku qui font... 1 mĂštre de haut ! Nouvelle info Ă©tonnante qui s'ajoute Ă toutes les autres Ă propos de la mĂ©trologie des anciens. Une mĂ©trologie qui prouve que les anciens avaient une connaissance prĂ©cise de la circonfĂ©rence de la Terre. BAM comble les trous de l'histoire de la mĂ©trologie Le passage sur la quine des bĂątisseurs de cathĂ©drale nous montre clairement que le mĂštre créé lors de la rĂ©volution française a Ă©tĂ© calquĂ© sur une ancienne mesure qui existait dĂ©jĂ ! Pourquoi l'histoire officielle ne nous en parle pas ?? Mes recherches perso montre que les premiers Ă©gyptologues savaient ! Allez lire Jomard ! Revenons Ă la machine d'AnticythĂšre et ses engrenages qui "respirent". Fabrication de haute prĂ©cision hallucinante pour son Ăąge. Mais surtout un grand questionnement sur l'origine des "big-data" qui permettent de concevoir un tel calculateur astronomique ! Il faut des siĂšcles d'observation pour arriver Ă une telle prĂ©cision !? On voit lĂ encore une fois la marque d'une grande connaissance en astronomie Ă une Ă©poque ancienne. Plein de questions posĂ©es.... Une hypothĂšse validĂ©e un mois avant la sortie de BAM C'est lĂ que Graham Hancock, tente d'apporter son explication. Celle d'une ancienne civilisation disparue lors d'un cataclysme au Dryas rĂ©cent. Ce cataclysme serait du Ă l'impact de plusieurs fragments de comĂšte avec la Terre. Il dit chercher encore les cratĂšres de ces impacts. Il se trouve qu'un mois avant la sortie de BAM... l'actualitĂ© scientifique nous a rĂ©vĂ©lĂ© un impact au Groeneland Ă cette Ă©poque ! Encore un indice que cette thĂšse tient la route. Trolls Je vois dans les commentaires que BAM n'est pas apprĂ©ciĂ© Ă sa juste valeur. Ce film est pris en grippe par deux clans pas du tout objectifs â ceux qui pensent que de toute façon ce film ne raconte que des conneries et donc crachent dessus. MĂȘme en disant ouvertement que c'est nul, il y a moins Ă "dĂ©bunker" dans ce film que dans LRDP! Oui en effet, c'est dur Ă contrer une mesure prĂ©cise avec un rugosimĂštre ! Il serait peut ĂȘtre temps de comprendre le message de BAM ! â ceux qui aprĂšs le clash entre le rĂ©alisateur et l'informateur de LRDP n'ont pas choisi le mĂȘme camp. Pour eux BAM n'est qu'un reboot qui n'annonce rien de neuf, et donc il faut cracher dessus ! Pfff... personnellement, en suivant le sujet rĂ©guliĂšrement depuis LRDP j'ai quand mĂȘme trouvĂ© de nombreuses nouveautĂ©s intĂ©ressantes dans BAM. Bonus Merci Ă©galement pour les 11h de bonus oĂč l'on approfondi le sujet. J'ai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© l'interview complet de Mathias Buttet de chez Hublot qui a Ă©tudiĂ© et refait la machine d'AnticythĂšre. J'ai beaucoup aimĂ© son HumilitĂ© face Ă l'ingĂ©niositĂ© des concepteurs de la machine. Venant d'un horloger spĂ©cialiste des complications qui dit que notre civilisation est passĂ© Ă cĂŽtĂ© de quelque chose... ça questionne !! Il a aussi de nombreuses remarques pertinentes sur les processus de conception d'une telle machine. On sent l'ingĂ©nieur qui parle. Cette machine a changĂ© sa vision du monde. Lui qui pensait Ă un gag la premiĂšre fois qu'il en a entendu parler ! ... bon je vais pas spolier, mais il y encore beaucoup d'autres infos dans les autres bonus.. Forme A propos de la forme. Ce film est vraiment trĂšs bien rĂ©alisĂ©. Les images sont superbes la musique gĂ©niale. Il y a peu de documentaires qui sont si beau Ă voir. Bravo. Contrairement Ă LRDP, BAM ne s'inscrit pas dans un style oĂč il y a un informateur "initiĂ©" qui guide un novice. Ce cĂŽtĂ© conspirationniste a souvent Ă©tĂ© reprochĂ© au rĂ©alisateur. Il l'a donc supprimĂ© dans BAM pour en faire un documentaire plus classique. Bonne ou mauvaise chose ? Justement, c'est certainement le cĂŽtĂ© conspirationniste qui a fait le succĂšs de LRDP. La conspiration est un mĂ©canisme bien connus des scĂ©naristes pour faire crocher le public ! Conclusions BAM est un excellent documentaire qui pose beaucoup de questions sur notre passĂ©. Ăa donne envie de creuser. Le rĂ©alisateur a positionnĂ© son film comme un documentaire scientifique destinĂ© au grand public. Avec ce choix il s'est coupĂ© d'une partie de ces fans qui en attendaient beaucoup plus... Qui attendaient du mystĂ©rieux, de la conspiration... Est-ce que BAM arrivera Ă vraiment intĂ©resser le grand public et les historiens et archĂ©ologues Ă revoir quelques points de notre passĂ© ? Je l'espĂšre vraiment. Mais c'est pas un crĂ©neau facile. Car "L'impression de savoir est le pire obstacle Ă la connaissance". Les gens qui ont dĂ©jĂ une explication qui leur convient Ă des faits ne sont pas souvent prĂȘts Ă voir les choses autrement ! Si le rĂ©alisateur avait vraiment voulu faire du fric comme on lui reproche souvent Ă tord, il aurait tout simplement pu continuer avec une histoire fantastique mĂȘlant le vrai du faux sur base conspirationniste et crĂ©er un nouveau "Da Vinci Code" pour engranger des millions. Mais non, Patrice Pouillard n'est pas assoiffĂ© d'argent. Il a tout simplement dĂ©couvert "un bug" dans l'histoire communĂ©ment acceptĂ©e et met ses talents de rĂ©alisateur au service d'une quĂȘte de vĂ©ritĂ©. Il veut faire savoir ce qu'il a dĂ©couvert. Il veut repousser les limites de la science. Bravo Ă lui pour ce choix trĂšs courageux ! Voir aussi LoindâĂȘtre une hypothĂšse farfelue, câest Ă lâaide dâune Ă©quipe de scientifiques aux profils rĂ©putĂ©s, dâanalyses techniques pointues et de scanners 3D des sites archĂ©ologiques en question que Notre Dame, Reine de la Paix Ă Marija, l'une des Visionnaires de Medjugorje le 25 mai 2022 Chers enfants ! Je vous regarde et remercie Dieu pour chacun de vous, car il me permet d'ĂȘtre encore avec vous pour vous encourager Ă la saintetĂ©. Petits enfants, la paix est troublĂ©e et Satan veut le trouble. C'est pourquoi, que votre priĂšre soit encore plus forte afin que tout esprit impur de division et de guerre soit apaisĂ©. Soyez bĂątisseurs de paix et porteurs de joie du RessuscitĂ© en vous et autour de vous pour que le bien gagne en chaque homme. Merci d'avoir rĂ©pondu Ă mon appel. Message de navigation Faitstroublants du passĂ©. Que lâon partage ou non ses conclusions, BĂątisseurs de lâAncien monde a le mĂ©rite de mettre en lumiĂšre certains faits troublants concernant notre
Romain Rolland, LâĂme enchantĂ©e » de la rĂ©volution française mais exilĂ© dans son propre pays. Pourquoi ? Texte intĂ©gral rĂ©visĂ© suivi dâune biographie de Romain Rolland. Au-dessus de la mĂȘlĂ©e » â Ă lâorigine intitulĂ© Au-dessus de la haine » â est une sĂ©rie dâarticles et essais sur la PremiĂšre Guerre mondiale publiĂ©s entre septembre 1914 et aoĂ»t 1915 dans le Journal de GenĂšve » et divers autres journaux Ă©trangers. Romain Rolland, pacifiste convaincu et Ă ce titre violemment attaquĂ© par les nationalistes et bellicistes français, sây oppose contre le militarisme prussien mais refuse toutefois de confondre le peuple allemand et ses dirigeants. Il rappelle avec force les liens dâamitiĂ© qui unissent Français et Allemands ainsi que lâestime quâil a pour de nombreux intellectuels allemands, mĂȘme sâil nâhĂ©site pas Ă fustiger un certain Thomas Mann qui exaltait alors la guerre de la kultur ». Au-dessus de la mĂȘlĂ©e , publiĂ© en recueil au moment de son Prix Nobel de littĂ©rature, en 1915, eut un immense retentissement et devint le manifeste de tous ceux qui, la guerre finie, oeuvrĂšrent Ă une rĂ©conciliation durable entre les deux peuples. AU-DESSUS DE LA MĂLĂE Ă jeunesse hĂ©roĂŻque du monde ! Avec quelle Joie prodigue elle verse son sang dans la terre affamĂ©e ! Quelles moissons de sacrifices fauchĂ©es sous le soleil de ce splendide Ă©tĂ© !⊠Vous tous, jeunes hommes de toutes les nations, quâun commun idĂ©al met tragiquement aux prises, jeunes frĂšres ennemis â Slaves qui courez Ă lâaide de votre race, Anglais qui combattez pour lâhonneur et le droit, peuple belge intrĂ©pide, qui osas tenir tĂȘte au colosse germanique et dĂ©fendis contre lui les Thermopyles de lâOccident, Allemands qui luttez pour dĂ©fendre la pensĂ©e et la ville de Kant contre le torrent des cavaliers cosaques, et vous surtout, mes jeunes compagnons français, qui depuis des annĂ©es me confiez vos rĂȘves et qui mâavez envoyĂ©, en partant pour le feu, vos sublimes adieux, vous en qui refleurit la lignĂ©e des hĂ©ros de la RĂ©volution â comme vous mâĂȘtes chers, vous qui allez mourir ![1] Comme vous nous vengez des annĂ©es de scepticisme, de veulerie jouisseuse oĂč nous avons grandi, protĂ©geant de leurs miasmes notre foi, votre foi, qui triomphe avec vous sur les champs de bataille ! Guerre de revanche », a-t-on dit⊠De revanche, en effet, mais non comme lâentend un chauvinisme Ă©troit ; revanche de la foi contre tous les Ă©goĂŻsmes des sens et de lâesprit, don absolu de soi aux idĂ©es Ă©ternellesâŠ. Quâest-ce que nos individus, nos Ćuvres, devant lâimmensitĂ© du but ? mâĂ©crit un des plus puissants romanciers de la jeune France, â le caporal *** â La guerre de la RĂ©volution contre le fĂ©odalisme se rouvre. Les armĂ©es de la RĂ©publique vont assurer le triomphe de la dĂ©mocratie en Europe et parfaire lâĆuvre de la Convention. Câest plus que la guerre inexpiable au foyer, câest le rĂ©veil de la liberté⊠» Ah ! mon ami, mâĂ©crit un autre de ces jeunes gens, haut esprit, Ăąme pure, et qui sera, sâil vit, le premier critique dâart de notre temps, â le lieutenant ***. â Quelle race admirable ! Si vous voyiez, comme moi, notre armĂ©e, vous seriez enflammĂ© dâadmiration pour ce peuple. Câest un Ă©lan de Marseillaise, un Ă©lan hĂ©roĂŻque, grave, un peu religieux. Jâai vu partir les trois rĂ©giments de mon corps les premiers, les hommes de lâactive, les jeunes gens de vingt ans, dâun pas ferme et rapide, sans un cri, sans un geste, avec lâair dĂ©cidĂ© et pĂąle dâĂ©phĂšbes qui vont au sacrifice. Puis, la rĂ©serve, les hommes de vingt-cinq Ă trente ans, plus mĂąles et plus dĂ©terminĂ©s, qui viennent soutenir les premiers, feront lâĂ©lan irrĂ©sistible. Nous, nous sommes les vieillards, les hommes de quarante ans, les pĂšres de famille qui donnent la basse du chĆur. Nous partons, nous aussi, confiants, rĂ©solus et bien fermes, je vous assure. Je nâai pas envie de mourir, mais je mourrai sans regret maintenant ; jâai vĂ©cu quinze jours qui en valent la peine, quinze jours que je nâosais plus me promettre du destin. On parlera de nous dans lâhistoire. Nous aurons ouvert une Ăšre dans le monde. Nous aurons dissipĂ© le cauchemar du matĂ©rialisme de lâAllemagne casquĂ©e et de la paix armĂ©e. Tout cela aura croulĂ© devant nous comme un fantĂŽme. Il me semble que le monde respire. Rassurez votre Viennois[2], cher ami la France nâest pas prĂšs de finir. Nous voyons sa rĂ©surrection. Toujours la mĂȘme Bouvines, croisades, cathĂ©drales, RĂ©volution, toujours les chevaliers du monde, les paladins de Dieu. Jâai assez vĂ©cu pour voir cela ! Nous qui le disions depuis vingt ans, quand personne ne voulait nous croire, nous avons lieu dâĂȘtre contents⊠» Ă mes amis, que rien ne trouble donc votre joie ! Quel que soit le destin, vous vous ĂȘtes haussĂ©s aux cimes de la vie, et vous y avez portĂ© avec vous votre patrie. Vous vaincrez, je le sais. Votre abnĂ©gation, votre intrĂ©piditĂ©, votre foi absolue en votre cause sacrĂ©e, la certitude inĂ©branlable quâen dĂ©fendant votre terre envahie vous dĂ©fendez les libertĂ©s du monde, mâassurent de votre victoire, jeunes armĂ©es de Marne-et-Meuse, dont le nom est gravĂ© dĂ©sormais dans lâhistoire, Ă cĂŽtĂ© de vos aĂźnĂ©es de la Grande RĂ©publique. Mais quand bien mĂȘme le malheur eĂ»t voulu que vous fussiez vaincus, et la France avec vous, une telle mort eĂ»t Ă©tĂ© la plus belle que pĂ»t rĂȘver une race. Elle eĂ»t couronnĂ© la vie du grand peuple des croisades. Elle eĂ»t Ă©tĂ© sa suprĂȘme victoire⊠Vainqueurs ou vaincus, vivants ou morts, soyez heureux ! Comme me lâa dit lâun de vous, en mâembrassant Ă©troitement, sur le terrible seuil » Il est beau de se battre, les mains pures et le coeur innocent, et de faire avec sa vie la justice divine. » â Vous faites votre devoir. Mais dâautres, lâont-ils fait ? Osons dire la vĂ©ritĂ© aux aĂźnĂ©s de ces jeunes gens, Ă leurs guides moraux, aux maĂźtres de lâopinion, Ă leurs chefs religieux oĂč laĂŻques, aux Ăglises, aux penseurs, aux tribuns socialistes. Quoi ! vous aviez, dans les mains, de telles richesses vivantes, ces trĂ©sors dâhĂ©roĂŻsme ! Ă quoi les dĂ©pensez-vous ? Cette jeunesse avide de se sacrifier, quel but avez-vous offert Ă son dĂ©vouement magnanime ? LâĂ©gorgement mutuel de ces jeunes hĂ©ros ! La guerre europĂ©enne, cette mĂȘlĂ©e sacrilĂšge, qui offre le spectacle dâune Europe dĂ©mente, montant sur le bĂ»cher et se dĂ©chirant de ses mains, comme Hercule ! Ainsi, les trois plus grands peuples dâOccident, les gardiens de la civilisation, sâacharnent Ă leur ruine, et appellent Ă la rescousse les Cosaques, les Turcs, les Japonais, les Cinghalais, les Soudanais, les SĂ©nĂ©galais, les Marocains, les Ăgyptiens, les Sikhs et les Cipayes, les barbares du pĂŽle et ceux de lâĂ©quateur, le Ăąmes et les peaux de toutes les couleurs ![3] On dirait lâempire romain au temps de la TĂ©trarchie, faisant appel, pour sâentredĂ©vorer, aux hordes de tout lâunivers !⊠Notre civilisation est-elle donc si solide que vous ne craigniez pas dâĂ©branler ses piliers ? Est-ce que vous ne voyez pas que si une seule colonne est ruinĂ©e, tout sâĂ©croule sur vous ? Ătait-il impossible dâarriver, entre vous, sinon Ă vous aimer, du moins Ă supporter, chacun, les grandes vertus et les grands vices de lâautre ? Et nâauriez-vous pas dĂ» vous appliquer Ă rĂ©soudre dans un esprit de paix vous ne lâavez mĂȘme pas, sincĂšrement, tentĂ©, les questions qui vous divisaient, â celle des peuples annexĂ©s contre leur volontĂ©, â et la rĂ©partition Ă©quitable entre vous du travail fĂ©cond et des richesses du monde ? Faut-il que le plus fort rĂȘve perpĂ©tuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse, et que les autres perpĂ©tuellement sâunissent pour lâabattre ? Ă ce jeu puĂ©ril et sanglant, oĂč les partenaires changent de place tous les siĂšcles, nây aura-t-il jamais de fin, jusquâĂ lâĂ©puisement total de lâhumanitĂ© ? Ces guerres, je le sais, les chefs dâĂtats qui en sont les auteurs criminels nâosent en accepter la responsabilitĂ© ; chacun sâefforce sournoisement dâen rejeter la charge sur lâadversaire. Et les peuples qui suivent, dociles, se rĂ©signent en disant quâune puissance plus grande que les hommes a tout conduit. On entend, une fois de plus, le refrain sĂ©culaire FatalitĂ© de la guerre, plus forte que toute volontĂ© », â le vieux refrain des troupeaux, qui font de leur faiblesse un dieu, et qui lâadorent. Les hommes ont inventĂ© le destin, afin de lui attribuer les dĂ©sordres de lâunivers, quâils ont pour devoir de gouverner. Point de fatalitĂ© ! La fatalitĂ©, câest ce que nous voulons. Et câest aussi, plus souvent, ce que nous ne voulons pas assez. Quâen ce moment, chacun de nous fasse son mea culpa ! Cette Ă©lite intellectuelle, ces Ăglises, ces partis ouvriers, nâont pas voulu la guerre⊠Soit !⊠Quâont-ils fait pour lâempĂȘcher ? Que font-ils pour lâattĂ©nuer ? Ils attisent lâincendie. Chacun y porte son fagot. Le trait le plus frappant de cette monstrueuse Ă©popĂ©e, le fait sans prĂ©cĂ©dent est, dans chacune des nations en guerre, lâunanimitĂ© pour la guerre. Câest comme une contagion de fureur meurtriĂšre qui, venue de Tokio il y a dix annĂ©es, ainsi quâune grande vague, se propage et parcourt tout le corps de la terre. Ă cette Ă©pidĂ©mie, pas un nâa rĂ©sistĂ©. Plus une pensĂ©e libre qui ait rĂ©ussi Ă se tenir hors dâatteinte du flĂ©au. Il semble que sur cette mĂȘlĂ©e des peuples, oĂč, quelle quâen soit lâissue, lâEurope sera mutilĂ©e, plane une sorte dâironie dĂ©moniaque. Ce ne sont pas seulement les passions de races, qui lancent aveuglement les millions dâhommes les uns contre les autres, comme des fourmiliĂšres, et dont les pays neutres eux-mĂȘmes ressentent le dangereux frisson ; câest la raison, la foi, la poĂ©sie, la science, toutes les forces de lâesprit qui sont enrĂ©gimentĂ©es, et se mettent, dans chaque Ătat, Ă la suite des armĂ©es. Dans lâĂ©lite de chaque pays, pas un qui ne proclame et ne soit convaincu que la cause de son peuple est la cause de Dieu, la cause de la libertĂ© et du progrĂšs humains. Et je le proclame aussi⊠Des combats singuliers se livrent entre les mĂ©taphysiciens, les poĂštes, les historiens. Eucken contre Bergson, Hauptmann contre Maeterlinck, Rolland contre Hauptmann, Wells contre Bernard Shaw. Kipling et dâAnnunzio, Dehmel et de RĂ©gnier chantent des hymnes de guerre. BarrĂšs et Maeterlinck entonnent des pĂ©ans de haine. Entre une fugue de Bach et lâorgue bruissant Deutchland ĂŒber Alles ! le vieux philosophe Wundt, ĂągĂ© de quatre-vingtdeux ans, appelle de sa voix cassĂ©e les Ă©tudiants de Leipzig Ă la guerre sacrĂ©e ». Et tous, les uns aux autres, se lancent le nom de barbares ». LâAcadĂ©mie des sciences morales de Paris dĂ©clare, par la voix de son prĂ©sident, Bergson, que la lutte engagĂ©e contre lâAllemagne est la lutte mĂȘme de la civilisation contre la barbarie ». Lâhistoire allemande, par la bouche de Karl Lamprecht, rĂ©pond que la guerre est engagĂ©e entre le germanisme et la barbarie, et que les combats prĂ©sents sont la suite logique de ceux que lâAllemagne a livrĂ©s, au cours des siĂšcles, contre les Huns et contre les Turcs. » La science, aprĂšs lâhistoire, descendant dans la lice, proclame, avec E. Perrier, directeur du MusĂ©um, membre de lâAcadĂ©mie des Sciences, que les Prussiens nâappartiennent pas Ă la race aryenne, quâils descendent en droite ligne des hommes de lâĂąge de pierre appelĂ©s Allophyles, et que le crĂąne moderne dont la base, reflet de la vigueur des appĂ©tits, rappelle le mieux le crĂąne de lâhomme fossile de la Chapelle-aux-Saints, est celui du prince de Bismarck. » Mais les deux puissances morales, dont cette guerre contagieuse a le plus rĂ©vĂ©lĂ© la faiblesse, câest le christianisme, et câest le socialisme. Ces apĂŽtres rivaux de lâinternationalisme religieux ou laĂŻque se sont montrĂ©s soudain les plus ardents nationalistes. HervĂ© demande Ă mourir pour le drapeau dâAusterlitz. Les purs dĂ©positaires de la pure doctrine, les socialistes allemands, appuient au Reichstag les crĂ©dits pour la guerre, se mettent aux ordres du ministĂšre prussien, qui se sert de leurs journaux pour rĂ©pandre ses mensonges jusque dans les casernes, et qui les expĂ©die, comme des agents secrets, pour tĂącher de dĂ©baucher le peuple italien. On a cru, un moment, pour lâhonneur de leur cause, que deux ou trois dâentre eux sâĂ©taient fait fusiller, en refusant de porter les armes contre leurs frĂšres. Ils protestent, indignĂ©s tous marchent, lâarme au bras. Non, Liebknecht nâest pas mort pour la cause socialiste.[4] Câest le dĂ©putĂ© Frank, le principal champion de lâunion Franco allemande, qui est tombĂ© sous les balles françaises, pour la cause du militarisme. Car ces hommes, qui nâont pas le courage de mourir pour leur foi, ont celui de mourir pour la foi des autres. Quant aux reprĂ©sentants du Prince de la Paix, prĂȘtres, pasteurs, Ă©vĂȘques, câest par milliers quâils vont dans la mĂȘlĂ©e pratiquer, le fusil au poing, la parole divine Tu ne tueras point, et Aimez-vous les uns les autres. Chaque bulletin de victoire des armĂ©es allemandes, autrichiennes ou russes, remercie le marĂ©chal Dieu, â unser alter Gott, notre Dieu, â comme dit Guillaume II, ou M. Arthur Meyer. Car chacun a le sien. Et chacun de ces Dieux, vieux ou jeune, a ses lĂ©vites pour le dĂ©fendre et briser le Dieu des autres. Vingt mille prĂȘtres français marchent sous les drapeaux. Les jĂ©suites offrent leurs services aux armĂ©es allemandes. Des cardinaux lancent des mandements guerriers. On voit les Ă©vĂȘques serbes de Hongrie engager leurs fidĂšles Ă combattre leurs frĂšres de la Grande Serbie. Et les journaux enregistrent, sans paraĂźtre sâĂ©tonner, la scĂšne paradoxale des socialistes italiens, Ă la gare de Pise, acclamant les sĂ©minaristes qui rejoignent leurs rĂ©giments, et tous ensemble chantant la Marseillaise. â Tant est fort le cyclone qui les emporte tous ! Tant sont faibles les hommes quâil rencontre sur sa route, â et moi, comme les autres⊠Allons, ressaisissons-nous ! Quelle que soit la nature et la virulence de la contagion â Ă©pidĂ©mie morale, forces cosmiques â ne peut-on rĂ©sister ? On combat une peste, on lutte mĂȘme pour parer aux dĂ©sastres dâun tremblement de terre. Ou bien, nous inclinerons-nous, satisfaits, devant eux, comme lâhonorable Luigi Luzzatti, en son fameux article Dans le dĂ©sastre universel, les patries triomphent ?[5] Dirons-nous avec lui que, pour comprendre cette vĂ©ritĂ© grande et simple », lâamour de la patrie, il est bon, il est sain que se dĂ©chaĂźne le dĂ©mon des guerres internationales, qui fauchent des milliers dâĂȘtres » ? Ainsi, lâamour de la patrie ne pourrait fleurir que dans la haine des autres patries et le massacre de ceux qui se livrent Ă leur dĂ©fense ? Il y a dans cette proposition une fĂ©roce absurditĂ© et je ne sais quel dilettantisme nĂ©ronien, qui me rĂ©pugnent, qui me rĂ©pugnent, jusquâau fond de mon ĂȘtre. Non, lâamour de ma patrie ne veut pas que je haĂŻsse et que je tue les Ăąmes pieuses et fidĂšles qui aiment les autres patries. Il veut que je les honore et que je cherche Ă mâunir Ă elles pour notre bien commun. Vous, chrĂ©tiens, pour vous consoler de trahir les ordres de votre MaĂźtre, vous dites que la guerre exalte les vertus de sacrifice. Et il est vrai quâelle a le privilĂšge de faire surgir des cĆurs les plus mĂ©diocres le gĂ©nie de la race. Elle brĂ»le dans son bain de feu les scories, les souillures ; elle trempe le mĂ©tal des Ăąmes ; dâun paysan avare, dâun bourgeois timorĂ©, elle peut faire demain un hĂ©ros de Valmy. Mais nây a-t-il pas de meilleur emploi au dĂ©vouement dâun peuple que la ruine des autres peuples ? Et ne peut-on se sacrifier, chrĂ©tiens, quâen sacrifiant son prochain avec soi ? Je sais bien, pauvres gens, que beaucoup dâentre vous offrent plus volontiers leur sang quâils ne versent celui des autres⊠Mais quelle faiblesse, au fond ! Avouez-donc que vous qui ne tremblez pas devant les balles et les shrapnells, vous tremblez devant lâopinion soumise Ă lâidole sanglante, plus haute que le tabernacle de JĂ©sus lâorgueil de race jaloux ! ChrĂ©tiens dâaujourdâhui, vous nâeussiez pas Ă©tĂ© capables de refuser le sacrifice aux dieux de la Rome impĂ©riale. Votre pape, Pie X, est mort de douleur, diton, de voir Ă©clater cette guerre. Il sâagissait bien de mourir ! Le Jupiter du Vatican, qui prodigua sa foudre contre les prĂȘtres inoffensifs que tentait la noble chimĂšre du modernisme, quâa-t il fait contre ces princes, contre ces chefs criminels, dont lâambition sans mesure a dĂ©chaĂźnĂ© sur le monde la misĂšre et la mort ! Que Dieu inspire au nouveau pontife, qui vient de monter sur le trĂŽne de Saint-Pierre, les paroles et les actes qui lavent lâEglise de ce silence ! Quant Ă vous, socialistes, qui prĂ©tendez, chacun, dĂ©fendre la libertĂ© contre la tyrannie â Français contre le Kaiser, â Allemands contre le Tsar, â sâagit-il de dĂ©fendre un despotisme contre un autre despotisme ? Combattez-les tous deux et mettez-vous ensemble ! Entre nos peuples dâOccident, il nây avait aucune raison de guerre. En dĂ©pit de ce que rĂ©pĂšte une presse envenimĂ©e par une minoritĂ© qui a son intĂ©rĂȘt Ă entretenir ces haines, frĂšres de France, frĂšres dâAngleterre, frĂšres dâAllemagne, nous ne nous haĂŻssons pas. Je vous connais, je nous connais. Nos peuples ne demandaient que la paix et que la libertĂ©. Le tragique du combat, pour qui serait placĂ© au centre de la mĂȘlĂ©e et qui pourrait plonger son regard, des hauts plateaux de Suisse, dans tous les camps ennemis, câest que chacun des peuples est vraiment menacĂ© dans ses biens les plus chers, dans son indĂ©pendance, son honneur et sa vie. Mais qui a lancĂ© sur eux ces flĂ©aux ? Qui les a acculĂ©s Ă cette nĂ©cessitĂ© dĂ©sespĂ©rĂ©e, dâĂ©craser lâadversaire ou de mourir ? Qui, sinon leurs Ătats, et dâabord Ă mon sens, les trois grands coupables, les trois aigles rapaces, les trois Empires, la tortueuse politique de la maison dâAutriche, le tsarisme dĂ©vorant, et la Prusse brutale ! Le pire ennemi nâest pas au dehors des frontiĂšres, il est dans chaque nation ; et aucune nation nâa le courage de le combattre. Câest ce monstre Ă cent tĂȘtes, qui se nomme lâimpĂ©rialisme, cette volontĂ© dâorgueil et de domination, qui veut tout absorber, ou soumettre, ou briser, qui ne tolĂšre point de grandeur libre, hors dâelle. Le plus dangereux pour nous, hommes de lâOccident, celui dont la menace levĂ©e sur la tĂȘte de lâEurope lâa forcĂ©e Ă sâunir en armes contre lui, est cet impĂ©rialisme prussien, qui est lâexpression dâune caste militaire et fĂ©odale, flĂ©au non pas seulement pour le reste du monde, mais pour lâAllemagne mĂȘme dont il a savamment empoisonnĂ© la pensĂ©e. Câest lui quâil faut dĂ©truire dâabord. Mais il nâest pas le seul. Le tsarisme aura son tour. Chaque peuple a, plus ou moins, son impĂ©rialisme ; quelle quâen soit la forme, militaire, financier, fĂ©odal, rĂ©publicain, social, intellectuel, il est la pieuvre qui suce le meilleur sang de lâEurope. Contre lui, reprenons, hommes libres de tous les pays, dĂšs que la guerre sera finie, la devise de Voltaire ![6] â DĂšs que la guerre sera finie. Car maintenant, le mal est fait. Le torrent est lĂąchĂ©. Nous ne pouvons, Ă nous seuls, le faire rentrer dans son lit. Dâailleurs de trop grands crimes dĂ©jĂ ont Ă©tĂ© commis, des crimes contre le droit, des attentats Ă la libertĂ© des peuples et aux trĂ©sors sacrĂ©s de la pensĂ©e. Ils doivent ĂȘtre rĂ©parĂ©s. Ils seront rĂ©parĂ©s. LâEurope ne peut passer lâĂ©ponge sur les violences faites au noble peuple belge, sur la dĂ©vastation de Malines et de Louvain, saccagĂ©es par les nouveaux Tilly⊠Mais, au nom du ciel, que ces forfaits ne soient mots affreux. Un grand peuple ne se venge pas ; il rĂ©tablit le droit. Que ceux qui ont en mains la cause de la justice se montrent dignes dâelle, jusquâau bout ! Câest notre tĂąche, Ă nous, de le leur rappeler. Car nous nâassisterons pas, inertes, Ă la bourrasque, attendant que sa violence se soit dâelle-mĂȘme Ă©puisĂ©e. Non, ce serait indigne. Lâouvrage ne nous manque pas. Notre premier devoir est, dans le monde entier, de provoquer la formation dâune Haute Cour morale, dâun tribunal des consciences, qui veille et qui prononce sur toutes les violations faites au droit des gens, dâoĂč quâelles viennent, sans distinction de camp. Et comme les comitĂ©s dâenquĂȘtes instituĂ©s par les parties belligĂ©rantes seraient toujours suspects, il faut que les pays neutres de lâAncien et du Nouveau Monde en prennent lâinitiative, â ainsi que, tout rĂ©cemment, un professeur Ă la FacultĂ© de MĂ©decine de Paris, M. Prenant, en suggĂ©rait lâidĂ©e[7], reprise vigoureusement par mon ami Paul Seippel, dans le Journal de GenĂšve[8] Ils fourniraient des hommes dâune autoritĂ© mondiale et dâune moralitĂ© civique Ă©prouvĂ©e, qui fonctionneraient en qualitĂ© de commissaires enquĂȘteurs. Ces commissaires pourraient suivre Ă quelque distance les armĂ©es⊠Une telle organisation complĂ©terait et concrĂ©terait le tribunal de La Haye et lui prĂ©parerait les documents indiscutables pour lâoeuvre de justice nĂ©cessaire⊠» Les pays neutres jouent un rĂŽle trop effacĂ©. Ils ont une tendance Ă croire que contre la force dĂ©chaĂźnĂ©e lâopinion est dâavance vaincue. Et ce dĂ©couragement est partagĂ© par la plupart des pensĂ©es libres de toutes les nations. Câest lĂ un manque de courage et de luciditĂ©. Le pouvoir de lâopinion est immense Ă prĂ©sent. Il nâest pas un gouvernement, si despotique soit-il et marchant appuyĂ© sur la victoire, qui ne tremble aujourdâhui devant lâopinion publique et ne cherche Ă la courtiser. Rien ne lâa mieux montrĂ© que les efforts des deux partis aux prises, ministres, chanceliers, souverains, â et le Kaiser lui-mĂȘme, se faisant journaliste â pour justifier leurs crimes et dĂ©noncer ceux de lâadversaire au tribunal invisible du genre humain. Ce tribunal, quâon le voie, Ă la fin ! Osez le constituer. Vous ne connaissez pas votre pouvoir moral, ĂŽ hommes de peu de foi !⊠Et quand il y aurait un risque, ne pouvez-vous le courir, pour lâhonneur de lâhumanitĂ© ? Quel prix aurait la vie, si vous perdiez, pour la sauver, toute fiertĂ© de vivre !⊠Et propter vitam, vivendi perdere causas⊠Mais nous avons une autre tĂąche, nous tous, artistes et Ă©crivains, prĂȘtres et penseurs, de toutes les patries. MĂȘme la guerre dĂ©chaĂźnĂ©e, câest un crime pour lâĂ©lite dây compromettre lâintĂ©gritĂ© de sa pensĂ©e. Il est honteux de la voir servir les passions dâune puĂ©rile et monstrueuse politique de races, qui, scientifiquement absurde nul pays ne possĂ©dant une race vraiment pure, ne peut, comme lâa dit Renan, dans sa belle lettre Ă Strauss[9], mener quâĂ des guerres zoologiques, des guerres dâextermination, analogues Ă celles que les diverses espĂšces de rongeurs ou de carnassiers se livrent pour la vie. Ce serait la fin de ce mĂ©lange fĂ©cond, composĂ© dâĂ©lĂ©ments nombreux et tous nĂ©cessaires, qui sâappelle lâhumanitĂ© ». LâhumanitĂ© est une symphonie de grandes Ăąmes collectives. Qui nâest capable de la comprendre et de lâaimer quâen dĂ©truisant une partie de ses Ă©lĂ©ments, montre quâil est un barbare et quâil se fait de lâharmonie lâidĂ©e que se faisait cet autre de lâordre Ă Varsovie. Ălite europĂ©enne, nous avons deux citĂ©s notre patrie terrestre, et lâautre, la citĂ© de Dieu. De lâune, nous sommes les hĂŽtes ; de lâautre, les bĂątisseurs. Donnons Ă la premiĂšre nos corps et nos cĆurs fidĂšles. Mais rien de ce que nous aimons, famille, amis, patrie, rien nâa droit sur lâesprit. Lâesprit est la lumiĂšre. Le devoir est de lâĂ©lever au-dessus des tempĂȘtes et dâĂ©carter les nuages qui cherchent Ă lâobscurcir. Le devoir est de construire, et plus large et plus haute, dominant lâinjustice et les haines des nations, lâenceinte de la ville oĂč doivent sâassembler les Ăąmes fraternelles et libres du monde entier. Je vois autour de moi frĂ©mir la Suisse amie. Son coeur est partagĂ© entre des sympathies de races diffĂ©rentes ; elle gĂ©mit de ne pouvoir librement choisir entre elles, ni mĂȘme les exprimer. Je comprends son tourment ; mais il est bienfaisant ; et jâespĂšre que de lĂ elle saura sâĂ©lever Ă la joie supĂ©rieure dâune harmonie de races, qui soit un haut exemple pour le reste de lâEurope. Il faut que dans la tempĂȘte elle se dresse comme une Ăźle de justice et de paix, oĂč, tels les grands couvents du premier moyen-Ăąge, lâesprit trouve un asile contre la force effrĂ©nĂ©e, et oĂč viennent aborder les nageurs fatiguĂ©s de toutes les nations, tous ceux que lasse la haine et qui, malgrĂ© les crimes quâils ont vus et subis, persistent Ă aimer tous les hommes comme leurs frĂšres. Je sais que de telles pensĂ©es ont peu de chances dâĂȘtre Ă©coutĂ©es, aujourdâhui. La jeune Europe, que brĂ»le la fiĂšvre du combat, sourira de dĂ©dain, en montrant ses dents de jeune loup. Mais quand lâaccĂšs de fiĂšvre sera tombĂ©, elle se retrouvera meurtrie et moins fiĂšre, peut-ĂȘtre, de son hĂ©roĂŻsme carnassier. Dâailleurs, je ne parle pas, afin de la convaincre. Je parle pour soulager ma conscience⊠Et je sais quâen mĂȘme temps je soulagerai celles de milliers dâautres qui, dans tous les pays, ne peuvent ou nâosent parler. Journal de GenĂšve, 15 septembre 1914. 1. Ă lâheure mĂȘme oĂč nous Ă©crivions ces ligues, Charles PĂ©guy mourait. 2. Allusion Ă un Ă©crivain viennois qui mâavait dit, quelques semaines avant la dĂ©claration de guerre, quâun dĂ©sastre de la France serait aussi un dĂ©sastre pour les penseurs libres dâAllemagne. 3. Voir note page 162. 4. Liebknecht a, depuis, glorieusement lavĂ© son honneur des compromissions de son parti. Je lui en exprime ici mon admiration. R. 1915. 5. PubliĂ© rĂ©cemment dans le Corriere della Sera, et traduit par le Journal de GenĂšve 8 septembre. 6. Ăcrasons lâinfĂąme ! » 7. Le Temps, 4 septembre 1914. 8. Nos du 16 et du 17 septembre 1914 La Guerre et le Droit. 9. Lettre du 15 septembre 1871, publiĂ©e dans la RĂ©forme intellectuelle et morale.